Dans le cadre de la démarche nationale Trame Verte et Bleue, le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie a lancé un nouvel appel à projet de recherche DIVA « action publique, agriculture et biodiversité », portant cette fois-ci sur les continuités écologiques dans les territoires ruraux et leurs interfaces.
C’est dans ce cadre, qu’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs a élaboré un programme baptisé AMELI « Analyse Multi-Echelle des Lisières pour la réalisation de la trame verte de la région Poitou-Charentes ».
Cette équipe rassemble des membres de l’UMR ADES (CNRS/Université de Bordeaux), du MNHN, de l’INRA et deux entités régionales de l’ONCFS (Pôle bocage et CNERA de Chizé). Le CETE Sud-Ouest et le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres sont également associés à cette étude.
L’objectif de ce programme de recherche de 3 ans est de contribuer à une meilleure connaissance des continuités écologiques du bocage et à leur prise en compte aux différentes échelles, depuis l’échelon national jusqu’au niveau opérationnel local des documents d’urbanisme.
L’approche privilégiée s’appuie sur une démarche de médiation entre les constructions scientifiques (modèles de déplacement de la faune, cartographie des continuums, classification d’images satellitaires, etc.) et les représentations locales (élus, usagers, etc.) de la biodiversité.
Dans un premier temps, l’étude se focalise sur le bocage bressuirais (l’une des zones d’intervention du Pôle bocage) mais elle permettra au-delà de son intérêt local, de considérer les espaces bocagers de l’ensemble de la région Poitou-Charentes puis de contribuer à la trame nationale.
ZOOM sur un volet de l’étude en cours La réalisation d’une carte fait entrer de nombreux paramètres, il est ainsi possible d’obtenir une multitude de cartes à partir de mêmes données. Tous ces choix réalisés par le cartographe ne sont pas neutres, c’est pourquoi il est important d’intégrer les acteurs locaux lors de la mise en place de nouvelles politiques notamment celles concernant la biodiversité afin d’assurer leur efficacité. A l’automne 2012, une doctorante en géographie de l’Université de Bordeaux a sollicité les acteurs du bocage bressuirais et les a suivis à travers le bocage pendant qu’ils photographiaient les éléments qui constituent leur bocage et leur haie. Au total c’est 258 photos qui ont été prises, chacune a été analysée pour au final servir de fondement à un cycle d’ateliers participatifs au cours duquel les participants ont été amenés à définir les éléments qui forment les continuités écologiques. Peu à peu, au fil des ateliers, les participants ont fait évoluer leurs critères pour définir les continuités écologiques. En effet en fonction des supports utilisés ce ne sont pas les mêmes notions qui sont mises en avant, à partir des photographies (vue du dedans) la continuité des haies semble primordiale, la moindre trouée est alors jugée de manière très défavorable mais quand on utilise un support cartographique (vue du dessus) ces mêmes trouées deviennent secondaires car ce qui prime est alors la densité des haies. Cette expérience a permis à la fois la réalisation de plusieurs cartes des continuités écologiques à partir des savoirs locaux et a également permis aux participants de développer un regard critique sur la construction de cartes. Aurélie Bousquet, doctorante équipe ADESS |
Contacts :
amelot[at]u-bordeaux3.fr
sophie.morin[at]oncfs.gouv.fr